Et tout céda à cet effort du désespoir.
Wallenstein, qui ramenait le centre à la bataille, se heurta contre le général Horn et ses vieux régiments.
— Ah ! dit-il, l’esprit de Gustave-Adolphe est avec eux !
Cet esprit était incarné dans la mâle figure du duc Bernard ; tandis que les Suédois se battaient pour tuer et mourir, lui les poussait en avant pour vaincre, et, maître des batteries qui avaient si longtemps tenu Gustave-Adolphe en échec, il en foudroyait l’armée impériale.
Cependant, l’acharnement de la lutte, qui ensanglantait le coin de terre où reposait le cadavre du roi, n’avait pas diminué. Les morts s’entassaient sur les morts, les blessés tombaient auprès d’eux. Au-dessus de cette mer houleuse de mourants, on voyait la tête et le bras de Pappenheim ; il ne savait pas où le roi Gustave-Adolphe était tombé et le cherchait toujours.
Tandis qu’une colère égale animait les Impériaux pour s’ouvrir un passage à travers les soldats d’Armand-Louis et de Renaud, l’un redoublait ses coups pour atteindre le capitaine Jacobus, l’autre précipitait les siens pour frapper le grand maréchal de l’empire. Malgré les flots d’ennemis qui se jetaient sur eux, Carquefou put joindre ses compagnons de guerre ; mais son cheval n’obéissait plus au mors. Trompé par le justaucorps de buffle et le surtout de drap, Pappenheim fondit sur lui.
— Voilà ma dernière heure, murmura Carquefou, qui s’apprêtait bravement à recevoir le choc.
Presque aussitôt le cheval du grand maréchal heurta de son large poitrail la monture chancelante de son adversaire et l’envoya rouler à dix pas.
Riant alors :
— Tiens-toi donc mieux à cheval, l’ami ! cria l’Allemand, qui venait de reconnaître Carquefou, et il passa.