— Eh bien ! ce que vous ne savez pas faire, moi je le ferai ! dit le capitaine.
Et, levant un pistolet, il lâche le coup : Gustave-Adolphe pousse un cri ; sa main tremblante veut se cramponner à sa selle, mais il roule par terre.
— Frère, dit-il au duc de Lauenbourg, qui le regarde épouvanté, j’en ai assez pour mourir, sauve tes jours !
— À présent, Sire, me reconnais-tu ? dit Jacobus, qui vient de quitter les siens ; tu m’as outragé, je te tue !
Un cri terrible lui fait lever les yeux. Armand-Louis avait tout vu, et à la tête de ses cavaliers il s’efforçait de pousser jusqu’à lui.
— À moi ! crie Jacobus ; Gustave-Adolphe est mort !
Cent cuirassiers et cent mousquetaires impériaux accourent ; les cavaliers que Jacobus a remplis de rage se jettent en avant, et un combat où personne ne demande ni n’offre de quartier s’engage autour du cadavre de Gustave-Adolphe.
Le duc Bernard de Weimar, appelé par Armand-Louis, venait de rencontrer le comte de Pappenheim ; aux cuirassiers autrichiens il oppose les cuirassiers finlandais ; le torrent que rien tout à l’heure ne semblait devoir arrêter recule à son tour.
La nouvelle que le roi venait de perdre la vie s’était répandue dans l’armée suédoise avec la rapidité de l’éclair ; un mouvement de rage y avait répondu, et comme des louves auxquelles on vient de ravir leurs petits, les compagnies ralliées s’étaient précipitées sur l’ennemi. Ce n’était plus une bataille, c’était un duel ; tout homme qui portait une pique, une épée, un mousquet, semblait avoir une injure personnelle à venger : fantassins et cavaliers se ruaient à l’envi sur les Impériaux.
— Vengeance ! fut le cri de toute une armée.