Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/341

Cette page n’a pas encore été corrigée

le sombre allié des Impériaux, que le grand maréchal fit battre le tambour et sonner le clairon ; mais cavaliers et fantassins se livraient au pillage. Huit régiments de cuirassiers répondirent seuls à cet appel, et le général, se mettant à leur tête, courut à la bataille.

Elle était perdue. Il arrive et la rétablit. Son épée fait des prodiges, et sa cavalerie, accoutumée à vaincre avec lui, rencontre le régiment bleu, l’un des plus solides de l’infanterie suédoise.

C’est comme un mur d’hommes, un mur hérissé de piques et de mousquets ; mais les cuirassiers, dix fois repoussés, dix fois sont ramenés à la charge, et le mur tombe.

Au régiment bleu succède le régiment jaune.

Le torrent des cavaliers l’attaque et s’amoncelle autour de ses flancs sans pouvoir l’entamer.

Mais Pappenheim se jette au plus épais de la mêlée ; les cuirassiers le suivent et passent. Le régiment jaune n’existe plus.

— Gustave-Adolphe, où donc es-tu ? s’écria Pappenheim, qui brandit son épée toute rouge de sang.

Il aperçoit un cavalier qui ressemble au roi, et fond sur lui. Dès les premiers coups, le cavalier, blessé à mort, est renversé sur la croupe du cheval.

— Ah ! ce n’est pas le roi ! dit Pappenheim, qui le pousse dédaigneusement du bout de son épée.

Et précipitant sa course :

— Gustave-Adolphe, où donc es-tu ? crie-t-il de nouveau.

Et, chemin faisant, il laboure l’armée suédoise rompue en dix tronçons, comme un fort taureau laboure un champ semé de broussailles.

Ce grand tumulte attire le roi, qui voit de loin le désordre des siens et qui sent que le duc de Friedland va reprendre l’offensive.