Toutes les dispositions furent prises pendant les quelques heures qui les séparaient du jour. Des fossés profonds hérissés de pieux s’étendirent sur les deux côtés de la route qui courait de Weissenfels à Leipzig entre les deux armées ; les troupes impériales, divisées en cinq brigades, prirent position, à trois cents pas de cette route, l’aile gauche appuyée au canal qui joint l’Elster à la Saale, et des batteries promptement établies dressèrent leurs canons sur toutes les hauteurs.
Cependant le duc de Lauenbourg et le capitaine Jacobus galopaient dans la nuit à la poursuite du comte de Pappenheim.
Un incendie qui projetait de sinistres lueurs sur l’horizon leur servait de flambeau. Ils comprenaient que le terrible général avait passé par là.
Aux premières clartés du matin, Gustave-Adolphe monta à cheval. Souffrant encore d’une blessure mal cicatrisée, il portait en place de cuirasse un justaucorps de buffle et un surtout de drap. Pâle, mais l’œil en feu et le front haut, il passa devant le front de son armée, composée tout entière d’hommes aguerris et dévoués.
À sa vue, tous poussèrent mille clameurs qui retentirent jusque dans le camp de Wallenstein.
— Soldats ! s’écrie le roi, élevons notre âme vers Dieu, qui donne la victoire !
Il se met à genoux, découvre son front et prie.
L’armée se prosterne en masse, et des milliers de voix héroïques entonnent un chant religieux que la musique des régiments accompagne. Un long brouillard couvrait la plaine, et la prière de ces vaillants hommes, dont la moitié peut-être allait mourir, s’élevait au milieu des ombres.
Armand-Louis et M. de Pardaillan, tout à coup animé du feu de la jeunesse, suivaient le roi.