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— Là-haut Jean de Werth ! dit Carquefou.

— Là-bas l’inconnu ! dit Magnus.

— Et partout des coups à recevoir… Comme c’est gai de voyager en Allemagne ! reprit Carquefou.

M. de Saint-Paer s’approcha de M. de la Guerche.

— Nos chevaux sont rendus, dit-il ; je vois de ce côté un rideau d’arbres derrière un ruisseau ; c’est là peut-être qu’il nous faudra mourir.

Armand-Louis regarda du côté de la montagne.

— Jean de Werth ne peut avoir avec lui qu’une poignée d’hommes… donc le danger n’est pas de ce côté-là…, dit-il ; allons au-devant de cet escadron qui marche contre nous, et, l’épée au poing, dans un dernier effort, conquérons des chevaux pour remplacer ceux qui fléchissent sous l’éperon.

Les dragons serrèrent leurs rangs ; au mouvement de M. de la Guerche, qui tournait son épée vers la plaine, tous avaient compris ce qu’il attendait d’eux. Un frisson parcourut leur troupe vaillante, et tous s’apprêtèrent à bien tomber dans cette lutte suprême.

Aucun ne pensait en sortir debout.

Comme ils approchaient du ruisseau indiqué par M. de Saint-Paer, un coup de vent balaya le nuage de poussière que l’escadron soulevait dans sa marche. On vit les hommes, on vit les chevaux, on vit les armes.

— Les Suédois ! cria Magnus.

Un long frémissement parcourut les rangs décimés des dragons de la Guerche.

— Vive le roi Gustave-Adolphe ! cria la voix impétueuse d’Armand-Louis.

Et, comme si l’ardeur nouvelle qui animait les huguenots eût passé de leur âme électrisée dans les flancs de leurs montures,