— Ah ! diable ! fit M. de Voiras.
— Il y a peut-être encore moyen de tenir en échec l’ennemi, poursuivit Magnus ; en entassant des broussailles autour de ces toits de chaume et de ces murailles en bois, on allumerait aisément le village tout entier ; la cavalerie de Jean de Werth et Jean de Werth lui-même ne franchiraient pas cette fournaise, et à la faveur de l’incendie, on pourrait battre en retraite.
— Bonne idée ! s’écria M. de Collonges.
— Mais il y a plus de cent familles dans de village… Combien de femmes et d’enfants seraient demain sans asile et sans pain !
On se tut autour de Magnus ; chacun comprenait que l’escadron se trouvait dans la plus difficile occurrence qu’il eût encore traversée.
M. de Collonges étendit son manteau sur une botte de paille et se coucha.
— À demain les affaires sérieuses ! je dors ! dit-il.
Carquefou, qui ne perdait jamais un mot de ce que disait Magnus, ne dormait que d’un œil. Il n’éprouvait pas pour l’incendie la répugnance que manifestait son vieux compagnon, étant de cette opinion que les circonstances graves demandent des remèdes héroïques.
— Ma foi, se disait-il, si une étincelle met le feu à une baraque par hasard, on ne me pendra pas !
Mais encore fallait-il savoir si la route qui traversait la forêt était libre.
Tourmenté par cette réflexion, Carquefou se leva avant la fin du jour, comme un fauve qui va à la curée, et se glissa hors du village par le côté opposé à celui où l’attaque avait eu lieu ; de grandes masses de sapins s’y voyaient ; quittant la route, il suivit la lisière du bois, dans l’épaisseur duquel on distinguait à peine quelques sentiers de bûcherons ; un homme