essés de serrer leurs provisions et de cacher leurs bestiaux. Aucun être vivant ne se montrait nulle part.
— Cependant, les maisons sont debout ; il est impossible que l’endroit soit inhabité ! dit Magnus.
Il se mit en quête et entra dans une auberge. L’aubergiste tremblait et jurait ses grands dieux qu’il ne possédait ni un jambon dans la cheminée, ni une bouteille de vin dans la cave.
— Les Saxons qui nous ont visités hier ont tout avalé, dit-il en finissant.
On ne se paya pas de cette réponse. L’aubergiste était gros et gras ; on chercha et on chercha si bien, qu’on eut du pain, du fromage, de la bière. Carquefou fit une expédition contre des poules imprudentes qui montraient le bout de leur bec hors d’un hangar ; il en rapporta deux ou trois douzaines. Magnus découvrit trois moutons et deux veaux qu’on avait dissimulés au fond d’une cave ; bientôt après quatre ou cinq porcs décelèrent leur existence par des cris maladroits.
Ils ne crièrent pas longtemps.
— Allons ! on peut vivre, dit M. de Collonges.
Quelques femmes, qui s’étaient les premières hasardées à sortir de leurs chaumières, pleuraient et se lamentaient en voyant disparaître ces volailles et ces bestiaux. Armand-Louis fit un signe à Magnus. Celui-ci tira de sa poche une longue bourse et remboursa largement à tout ce pauvre monde le prix des vivres que les dragons se partageaient.
L’étonnement sécha les larmes. On n’avait pas reçu de coups et l’on avait de l’argent ; rien de pareil ne s’était jamais vu depuis que la guerre était commencée.
Des sentinelles furent posées partout. À minuit, tous les dragons dormaient, sauf huit ou dix. Un coup de feu, tiré de l’extrémité du village, réveilla la troupe en sursaut. Chacun courut