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— Il le sait, dit Magnus, qui se pencha vivement à l’oreille de Rudiger et lui parla bas.

Le Polonais courba la tête en signe d’assentiment et il laissa ses compagnons s’engager sous la voûte.

La poterne était encore ouverte.

— Eh ! camarade, vous ne fermez donc pas ? reprit la sentinelle, tandis que Magnus, qui marchait le premier, disparaissait avec ses trois compagnons, au fond du couloir.

— D’autres nous suivent, répondit tranquillement Rudiger, qui s’était assis sur un banc de pierre.

— Encore ! Si d’autres viennent, ils se feront connaître ; la porte ne peut pas rester ouverte !

— Fermez-la donc vous-même, si vous voulez !

La sentinelle s’approcha de la porte et la poussa dans son cadre ; mais, au moment où il tournait le dos à Rudiger, celui-ci fit un bond de jaguar et lui planta son poignard entre les deux épaules.

La sentinelle ouvrit les bras et tomba comme une masse sur le sol.

— Un de moins, murmura Rudiger, qui, froidement, essuyait la lame de son poignard sur la casaque du mort.

Et il s’assit sur le banc après avoir ouvert de nouveau la poterne.

Magnus, qui connaissait les aîtres du château, enfila une longue galerie dont les arceaux mettaient en communication les deux ailes du bâtiment, et conduisit rapidement Armand-Louis et Renaud vers la tour qu’occupaient Adrienne et Diane. Pâles, tremblantes et s’appuyant l’une contre l’autre, elles les attendaient.

À la vue des deux gentilshommes, elles s’élancèrent vers le passage qui reliait la tour au reste des bâtiments. Mme de Liffenbach parut à sa porte.