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— Monsieur, dit Magnus, j’ai cru que vous m’aviez oublié. Voilà une heure que je rôde pour chercher une issue. Mettez-moi à la porte, s’il vous plaît. Pour sûr, les Espagnols m’écorcheront tout vif si je ne leur apporte pas une réponse.

L’intendant le poussa par l’épaule.

— La réponse ! ils l’ont déjà. File, animal ! dit-il.

Magnus traversa le pont-levis lestement, et arriva au bivac des dragons au moment où Mathéus en sortait.

Pour plus de sûreté, M. de Bérail avait pris le commandement à la place de M. de la Guerche. M. de Bérail, qui parlait l’italien et l’espagnol avec une grande facilité, se donna pour le capitaine d’une compagnie franche que l’on envoyait du Milanais à l’armée de Wallenstein.

Mathéus lui adressa quelques questions, moins peut-être dans la crainte d’une surprise que par habitude ; M. de Bérail eut réponse à tout et montra une grande aisance. Ce jeu lui plaisait.

— Toute ma troupe a besoin de repos, dit-il en finissant ; si j’étais assuré d’avoir des vivres et des fourrages, je resterais bien ici quelques jours.

— Vous aurez ce qu’il vous faudra, répondit Mathéus. En retour, si j’ai besoin de quelques cavaliers pour battre le pays, vous me les fournirez.

Le gouverneur et le capitaine se séparèrent, enchantés l’un et l’autre.

— Il y avait là cependant une branche morte au bout de laquelle il aurait fait belle figure ! dit Renaud, qui regardait Mathéus s’éloigner.

— Bah ! s’écria M. de Collonges, la branche morte ne s’en ira pas !

Magnus de retour, on tint conseil.

— Le campement est assuré pour huit jours au moins, dit