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Toutes les fois qu’on rompait une halte, Carquefou soupirait.

— Nous sommes comme des poissons qui auraient cent lieues de filets autour de leurs nageoires, disait-il, les mailles se resserrent.

Cette inquiétude qu’éprouvait l’honnête Carquefou, d’autres la partageaient, mais en sens inverse. Il leur semblait que c’était un pèlerinage, quelque chose comme une promenade pour voir des sites nouveaux.

Quelques gentilshommes murmuraient. M. de Collonges prit à partie M. de Chaufontaine.

— Monsieur le marquis, vous vous êtes joué de notre crédulité, lui dit-il : où sont les périls ? où sont les batailles ?

— Patience ! répondait Renaud, étonné qu’un tel mot pût sortir de ses lèvres.

— Vous nous aviez promis une tempête de coups d’épée, reprenait M. de Bérail : j’en cherche et je n’en trouve pas.

— M. de Pappenheim est-il un fantôme ? vous êtes tenu de nous le faire voir, ajoutait M. d’Aigrefeuille.

— Ce n’est plus une expédition, c’est un voyage… Que ne fait-on venir les carrosses ? s’écriait M. de Saint-Paer.

— Avec quelques violons et des flûtes on ferait un bal, poursuivait M. d’Arrandes.

Quelque chose de ces discours arrivait aux oreilles de Magnus, qui souriait.

— Messieurs, ne vous impatientez pas, disait-il alors, tout vient à point à qui sait attendre ; aller n’est rien, revenir c’est tout. Magnus a chanté beaucoup de chansons qui commençaient par un éclat de rire et finissaient par un De Profundis.

Un matin, il annonça aux dragons que les frontières de la Bohême étaient franchies.