l’aurore ; mais, parmi les officiers groupés autour du roi, un bon nombre aurait voulu les accompagner, et nul ne songeait à détourner de l’entreprise ceux-là mêmes qu’on aimait le plus.
Aux premiers sons de la trompette matinale, toute la troupe se trouva debout, le pied à l’étrier. L’armée entière était accourue pour assister au départ des dragons de la Guerche et les saluer de ses acclamations. Quand on les vit s’ébranler, tous les chapeaux volèrent en l’air, et mille cris partirent à la fois. Le soleil brillait d’un éclat radieux, le ciel était en fête. Les trois cents dragons passèrent fièrement sur le front de bandière du camp, et se rangèrent en bataille devant la tente de Gustave-Adolphe, qui était sorti pour faire honneur à cette troupe d’élite.
— Bonne chance, messieurs, et que Dieu vous garde ! s’écria Gustave-Adolphe d’une voix émue.
— Dieu nous donne la victoire et la donne à Gustave-Adolphe ! répondirent les dragons.
Le roi embrassa M. de la Guerche, les trompettes sonnèrent, et l’escadron s’ébranla.
La tête des chevaux était tournée vers le midi.
On pouvait voir au loin la fumée des grand-gardes autrichiennes.
Magnus marchait en tête, le premier. Il servait de guide aux dragons et se faisait fort de les mener par le plus court au château de Drachenfeld.
Il avait pris le chemin le plus large et le plus fréquenté.
— Si nous ne voulons pas être remarqués, ne nous cachons pas, disait-il.
— Nous voilà comme les Argonautes quand ils partaient pour la conquête de la Toison d’or ! s’écria M. de Collonges.
— Il faut remarquer seulement que notre Toison d’or est représentée