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— J’ai fait plus, dit-il. Je me suis rendu chez vos plus implacables ennemis : j’ai vu le comte de Pappenheim, j’ai vu le duc de Friedland, comme j’ai vu celui dont votre bras a dispersé l’armée sur les bords du Lech. Je devais marcher avec eux contre vous, et, dans la mêlée, vous chercher et mourir, ou vous tuer ! J’ai entendu votre voix, un frisson m’a pris, et cette épée, qui avait soif de votre sang, je vous l’apporte ! S’il vous paraît que je mérite la mort, frappez, voici le fer.

François-Albert avait tiré l’épée et la présentait à Gustave-Adolphe, qu’il ne quittait pas des yeux.

— Mais en frappant, dit-il, n’oubliez pas du moins que peut-être vous ne me deviez pas tant de misères en récompense du passé. La joue est pâle aujourd’hui, si le cœur est tout sanglant.

Cette allusion à cette scène de leur jeunesse, que Gustave-Adolphe n’avait pas oubliée, le remua d’un seul coup. Son âme ouverte et loyale était à la hauteur de toutes les miséricordes, comme elle comprenait toutes les franchises. La confession téméraire de François-Albert en avait trouvé le chemin. Quel soupçon pouvait tenir en présence d’un tel aveu ?

Le roi tendit la main au coupable :

— Reprenez cette épée, c’est Gustave-Adolphe qui vous la donne, et c’est pour la Suède qu’il vous demande de la garder, dit-il.

François-Albert poussa un cri et porta la main du roi à ses lèvres.

Mais, quand il fut à la porte de la tente royale, il secoua la poussière de ses pieds, et, frappant sur le fourreau de son épée :

— Tu me l’as rendue, dit-il, malheur à toi !

Ce même jour, M. de la Guerche convoqua en assemblée générale