— Mais vous, monsieur, qui questionnez si bien, répondit-il alors avec un mélange de colère et de hauteur, pourriez-vous m’apprendre d’où vous tenez cette chaîne d’or qui brille sur votre pourpoint ? Voilà longtemps que je la cherche.
— Cette chaîne est à vous ? s’écria vivement M. de la Guerche.
— Elle m’a été volée. Par quelle étrange aventure se fait-il que je la retrouve entre vos mains ?
— Ah ! vous la cherchez depuis longtemps, monsieur le duc ? Eh bien, depuis longtemps je cherche aussi le propriétaire de cette chaîne. Quelque chose me fait croire qu’il pourrait bien y avoir une connexité, bizarre au moins, entre l’accident qui vous l’a fait perdre et un crime commis près d’une résidence royale… il y a trois ans.
— Que voulez-vous dire ?
— Je veux dire que cette chaîne, qui est à vous et que vous réclamez si imprudemment, je l’ai ramassée près de Gothembourg, à la porte d’une maison d’où Marguerite Cabeliau venait d’être enlevée, et où, une heure après, je vous vis, monsieur le duc, pour la première fois.
Le duc pâlit.
— Elle se sera échappée de ma ceinture, dit-il en balbutiant.
— Avant le crime, alors ; car c’est avant que Marguerite Cabeliau eût été enlevée que ma main a tiré cette chaîne de l’herbe, sur laquelle on voyait encore les pas d’un cheval… du vôtre, monsieur le duc !
Un instant le duc de Lauenbourg voulut soutenir le regard de M. de la Guerche ; mais, vaincu dans cette lutte silencieuse, ses yeux s’abaissèrent lentement.
Alors, passant devant le duc, et d’une voix dédaigneuse :
— Puisque cette chaîne est à vous, monsieur le duc, dit M. de la Guerche, reprenez-la.