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Pardaillan courut vers lui, et tombant à ses genoux :

— Monseigneur, dit-elle, vous êtes le refuge des faibles et le protecteur des opprimés. Je viens à vous ; ayez pitié de moi.

— Ma fille, relevez-vous, dit le prélat.

— Non, pas avant que vous m’ayez entendue. Vous qui représentez le Christ sur la terre, permettrez-vous qu’un ministre du culte, un prêtre, bénisse un mariage auquel on veut me contraindre et que je repousse ? Dites, monseigneur, souffrirez-vous que les autels catholiques soient souillés par ce sacrifice ? J’ai été élevée dans la religion réformée. Si c’est une erreur, que les apôtres de la vérité me convertissent, mais n’employez ni la violence ni la ruse ! Comtesse de Mummelsberg du chef de ma mère, j’ai dix villages et vingt châteaux. On peut les retenir sous le séquestre. Je ne me plaindrai pas, mais on ne parviendra pas à effacer de mon blason les armes de mes aïeux. Je suis fiancée par le cœur et la volonté à un gentilhomme catholique et français, qui combat pour la Suède, alliée de son pays. Je réclame les privilèges de ma naissance et de mon rang, le droit enfin de disposer de ma main librement. J’implore votre pitié, monseigneur ; faites qu’un jour je ne me réveille pas comtesse de Pappenheim, parce qu’il aura plu à un serviteur impie d’un Dieu de miséricorde de m’unir à un gentilhomme que je n’aime pas, et cela malgré mes pleurs, malgré mes cris !

Le légat du pape tendit la main à Mlle de Pardaillan.

— Au nom de Celui qui a le pouvoir de lier et de délier, et qui m’a investi d’une part de Son autorité, dit-il, je condamne et maudis le prêtre indigne qui fera violence à cette femme. Relevez-vous, ma fille, et soyez sans crainte. Je ne fais que passer, mais mon frère, l’archevêque de Prague, veillera