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je espérer que Votre Majesté voudra bien m’accorder quelques instants d’entretien particulier ?

Le duc fronça le sourcil.

— Je ne veux gêner personne, dit-il ; je sors, monsieur le comte.

Armand-Louis s’inclina sans répondre, et François-Albert s’éloigna.

— Ah ! vous n’aimez pas ce pauvre duc ! s’écria le roi.

— Et vous, Sire vous l’aimez trop ! dit Armand-Louis.

Le roi prit un air de hauteur :

— Si de telles paroles ne tombaient pas d’une bouche amie, reprit-il, je vous dirais, mon cher comte, que je suis seul juge de mes affections.

— Une personne dont Votre Majesté ne suspectera pas le dévouement, une femme qui priait pour Gustave-Adolphe le jour où la flotte quittait les rivages de la Suède, n’aimait pas non plus M. de Lauenbourg : ai-je besoin de nommer Marguerite ?

Le roi tressaillit.

— Ah ! Marguerite vous l’a dit aussi ! s’écria-t-il ; je le savais ! il lui inspirait une sorte d’effroi ; personne autour de moi ne l’aime, ce pauvre duc, mais c’est mon ami d’enfance ; un jour je l’ai cruellement offensé…

— Croyez-vous, Sire, qu’il l’ait oublié ?

— Il suffit que je m’en souvienne pour que je lui pardonne d’y penser. Ah ! mon premier devoir est de tout tenter pour effacer la trace de cet outrage !

Gustave-Adolphe fit deux ou trois pas dans la salle que François-Albert venait de quitter.

— Quel sujet vous amène ici, que voulez-vous de moi ? reprit-il presque aussitôt.

Armand-Louis comprit qu’il ne fallait pas insister.

— Mlle de Souvigny est à Magdebourg ; or, la diplomatie