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d’Igomer à Prague était d’un bon augure ; les astres s’en réjouissaient.

Les intelligences que Mme d’Igomer avait conservées dans l’armée du comte de Tilly lui firent connaître, avant tout le monde, la prise de Magdebourg. Ce n’était rien pour elle ; mais ce qui lui importait, c’était que Mlle de Pardaillan, qu’elle savait dans la ville assiégée, n’eût point réussi à s’évader. Un courrier expédié par le baron Jean de Werth le soir même de la catastrophe la rassura. Il fallait à présent arracher la captive aux mains du comte de Pappenheim, et la faire diriger sur Prague, où elle-même aurait toute liberté d’en disposer à son gré ; mais, pour arriver à un tel résultat, il fallait y intéresser M. de Pappenheim lui-même.

Le plan de Mme d’Igomer fut promptement conçu. Elle se présenta un matin chez le duc de Friedland, le visage baigné de larmes.

— Quelle horrible nouvelle n’ai-je pas apprise ! dit-elle en tombant à ses genoux ; je ne me lèverai de cette place que lorsque vous aurez juré de m’accorder les grâces que je vous demande.

— Qu’est-ce ? Ne commandez-vous pas ici ? dit Wallenstein, qui la fit asseoir près de lui.

— Magdebourg est pris !

— Eh bien, n’était-ce pas une ville rebelle ? Les armes de l’empereur l’ont châtiée.

— Ah ! vous ne savez pas ! Deux personnes de qualité, deux jeunes filles qui me sont alliées par les liens du sang, sont tombées au pouvoir du comte de Pappenheim. Le comte de Tilly, qui connaît leur nom, leur fortune, les réclame. Vers quelle forteresse va-t-on les diriger ? À quel traitement indigne seront-elles exposées ? Malgré les souffrances