la pauvre fille s’était trouvée avec sa mère et deux hommes de leur tribu sur la lisière d’un champ. Une troupe de cavaliers les avait entourés tout à coup ; les deux hommes s’étaient sauvés ; sa mère, la voyant saisie par l’un des maraudeurs, s’était jetée en avant pour la défendre ; un coup de sabre l’avait étendue par terre.
— Un chrétien est venu et a sauvé la pauvre Yerta… À présent, ma vie est à vous, ajouta-t-elle d’une voix douce.
On plaça la bohémienne mourante dans une tente voisine de celle d’Armand-Louis, et Magnus eut ordre de veiller à ce que rien ne lui manquât. Cela fait, M. de la Guerche chercha le roi.
Des torrents de lumières éclairaient le bivac de l’armée triomphante. Partout des torches, partout des flammes. Le roi Gustave-Adolphe, précédé, suivi, accompagné par les acclamations de vingt mille soldats, venait de visiter le champ de bataille, où, par ses soins, tous les blessés avaient été recueillis. Il rencontra M. de la Guerche qui marchait à la tête de ses dragons. Leurs habits à tous portaient les traces du combat.
Gustave-Adolphe courut à leur chef, et l’embrassant :
— Colonel, dit-il, après Dieu, c’est à vous que je dois la victoire !
Un cri de joie immense salua le roi et le jeune colonel qui marchait près de lui.
— Ah ! murmura M. de la Guerche, pourquoi Adrienne n’est-elle pas ici !
Quand il entra au quartier des dragons, il trouva Yerta qui pleurait sur le corps de sa mère.
Elle se leva et de nouveau embrassa ses mains.
— Elle est morte, et je suis seule, dit la bohémienne.
Toute la nuit elle resta accroupie dans la tente où reposait sa mère ; elle chantait à voix basse et pleurait. Sa voix était