On se souvient que M. de la Guerche et Renaud s’étaient jetés à la rencontre de M. de Pappenheim ; mais, séparés l’un de l’autre tout à coup par des hommes bardés de fer, ils avaient poussé leur pointe au hasard dans la mêlée, l’un s’efforçant d’atteindre le grand maréchal, l’autre le comte de Tilly.
M. de la Guerche traversait la plaine après une course inutile, lorsqu’il aperçut le capitaine Jacobus. Brandir l’épée et galoper sur lui, ce fut l’affaire d’une minute ; mais le capitaine Jacobus tourna bride sans l’attendre. S’exposer à perdre la vie quand le roi de Suède vivait, c’était ce qu’il ne voulait pas. Mieux monté, il parvint rapidement jusqu’à la lisière du bois et s’y enfonça.
Magnus saisit par la bride le cheval que M. de la Guerche s’efforçait de pousser plus loin.
— Halte-là ! dit-il, le coquin n’aura pas toujours la bonne fortune de trouver une forêt devant lui.
Comme il revenait à pas lents, des cris de détresse frappèrent son oreille. Il regarda dans la direction d’où partaient ces cris, et aperçut au milieu d’une bande de cavaliers, près d’une chaumière en flammes, une femme renversée et une jeune fille qui se débattait.
— Parbleu ! reprit M. de la Guerche, voilà des misérables qui payeront pour le capitaine Jacobus !
Et il lança son cheval au galop.
— C’est imprudent, lui cria Magnus qui le suivait, ils sont une douzaine, nous sommes deux, et voici l’heure où les soldats les meilleurs se changent quelquefois en pillards.
Magnus, qui regardait autour de lui, ne voyait dans la plaine