autour d’eux les débris de leurs régiments épars, ils tentèrent de rétablir la bataille. Tout ce que le courage peut entreprendre, tout ce que l’expérience la plus consommée peut conseiller, ils l’essayèrent avec une égale ardeur, une égale ténacité. Mais le souffle du triomphe enflammait l’armée suédoise et la poussait en avant. Quelques escadrons réunis autour du comte de Pappenheim, quelques vieux régiments enchaînés par la discipline, résistaient seuls et obéissaient encore à la voix du comte de Tilly.
— Regarde-le ! disait Renaud à M. de la Guerche en lui montrant le grand maréchal de l’empire, qui, debout sur ses étriers, renversait tous les soldats qui l’approchaient.
Armand-Louis et M. de Chaufontaine ne pouvaient s’empêcher d’admirer ce vaillant homme de guerre ; il se montrait supérieur à la mauvaise fortune et savait à la fois commander et frapper.
— Ah ! puisse-t-il ne pas tomber ici, celui qu’on a si bien surnommé le Soldat ! reprit Renaud, et puissé-je un jour le rencontrer face à face. Vois, c’est un lion ! rien ne peut l’abattre, rien ne peut l’arrêter.
— Eh bien ! s’écria M. de la Guerche, puisque M. le comte de Pappenheim ne peut monter jusqu’à nous, courons jusqu’à lui.
— Courons ! dirent les huguenots.
Un flot d’assaillants l’avait séparé du comte de Tilly, et, comme un sanglier harcelé par une meute, le grand maréchal gagnait les bois voisins, où ce qui restait de sa magnifique cavalerie disparut avec lui avant que Renaud pût l’atteindre.
L’armée du comte de Tilly, cette armée qu’on appelait l’invincible, était écrasée, anéantie. Lui seul tenait encore et s’obstinait à espérer qu’un hasard lui rendrait la victoire si longtemps fidèle à ses drapeaux ; mais l’heure vint enfin où il dut céder à la voix de quelques officiers groupés autour