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vous avez consacré votre vie entière, ne volera pas au secours d’une ville qui s’est donnée à lui ?

— Ah ! ne l’accusez pas ! Peut-il partir quand l’électeur, son beau-père, lui marchande une place forte, et se réserve peut-être la chance maudite de tomber sur les Suédois en cas d’échec et de les écraser pour obtenir une paix avantageuse de l’empereur Ferdinand ?

— Ainsi, vous pensez que Magdebourg ne sera pas secouru ? dit M. de la Guerche, qui pâlit.

— Magdebourg ne le sera par personne, si ce n’est par moi.

M. de Pardaillan fit un effort pour saisir ses armes et se lever, mais une douleur atroce le fit retomber sur son siège en gémissant.

— Ah ! malheureux ! dit-il : un père seul pouvait leur tendre la main, et ce père misérable est réduit à l’impuissance !

— Vous vous trompez, monsieur le marquis, dit Armand-Louis : Mlle de Pardaillan et Mlle de Souvigny, à qui ma foi est engagée, ne seront pas abandonnées parce que l’âge et la maladie trahissent votre courage : ne sommes-nous pas là, M. de Chaufontaine et moi ?

— Certes, oui, nous y sommes ! s’écria Renaud, et nous vous le ferons bien voir !

M. de Pardaillan, tout ému, leur saisit les mains.

— Quoi ! vous partiriez ? dit-il.

— Ce serait nous faire injure que d’en douter, répondit M. de la Guerche. Avant une heure, nous aurons quitté le camp. Je vous demande la permission de voir le roi ; peut-être aura-t-il quelque ordre à me donner pour le commandant de Magdebourg.

— Je ne sais pas si nous sauverons la ville, dit Renaud : un secours de deux hommes, ce n’est pas beaucoup ; mais aussi