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à tomber aux mains des Impériaux. Les escadrons croates avaient parfois des moyens expéditifs de se débarrasser des prisonniers.

Les paysans et les hôteliers que Magnus et Carquefou interrogèrent leur apprirent effectivement que de nombreux combats avaient eu lieu dans les environs ; partout l’avantage était resté aux Suédois, mais la guerre sérieuse commençait à peine. Depuis le sac de Magdebourg, les deux armées belligérantes manœuvraient pour se rencontrer. Le comte de Tilly n’avait pas moins de hâte d’offrir la bataille au roi de Suède que Gustave-Adolphe ne montrait d’empressement à l’attendre. Seulement, si le désir était le même, la prudence était égale. Aucun des deux généraux ne voulait rien donner au hasard. L’un avait une vieille réputation à conserver et ne voulait pas exposer une armée qui jusqu’alors n’avait connu que des victoires, à la honte de subir une défaite ; l’autre, précédé d’une renommée déjà brillante, s’entourait de précautions nouvelles au moment de se mesurer contre le capitaine le plus expérimenté de l’Europe. Tous deux sentaient que de cette première bataille dépendait peut-être le sort de la guerre et par contrecoup de l’Allemagne. Cependant chaque jour leurs drapeaux se rapprochaient ; le cercle dans lequel ils manœuvraient allait se rétrécissant ; les escarmouches devenaient de plus en plus fréquentes : tout faisait présager que le choc ne tarderait pas à ébranler un coin de la province.

— Eh ! eh ! ne manquons pas le bal ! dit Renaud enthousiasmé.

Grâce aux renseignements qu’ils obtinrent des soldats et des déserteurs qu’ils rencontraient incessamment, ils purent savoir d’une manière à peu près exacte le point vers lequel il fallait diriger leur course pour éviter les Impériaux et rencontrer les Suédois. Ce n’était pas chose facile, au milieu