derrière lesquelles respirait Armand-Louis ; mais Carquefou, qui avait recouvré son appétit, commanda le plus succulent repas qu’il eût mangé depuis la fatale soirée passée chez maître Innocent.
— Il n’y a rien de tel qu’un estomac plein pour ouvrir les idées, disait-il.
Magnus développa son plan de campagne à ses associés.
— Rudiger, qui a été au service de Mathéus, disait-il, devra nouer des intelligences dans la place : il faut, à tout prix, qu’il ait le mot d’ordre.
— Je l’aurai.
— Moi, je connais un passage souterrain, grâce auquel on peut s’introduire dans le château en dépit des bandits qui le gardent. Ce souterrain a une issue dans la vallée. Combien de fois n’en ai-je pas profité pour emprunter au seigneur châtelain des bouteilles de son meilleur vin et des quartiers de venaison que je ne lui ai jamais rendus !
— C’est dans les règles ! interrompit Rudiger.
— J’en aurai bien vite retrouvé l’entrée ; l’important pour nous est de bien savoir dans quel coin Mathéus a caché M. de la Guerche et M. de Chaufontaine : est-ce tout en haut, sous les combles, ou tout en bas, dans les caves ? voilà ce qu’il faut savoir, pour ne pas nous heurter contre la garnison.
— Je le saurai, répondit Rudiger.
— Tu parles peu, l’ami, mais tu parles bien.
— Et moi, que ferai-je pendant ce temps ? demanda Carquefou.
— Tu rôderas partout, comme un renard qui cherche une poule ; tu feras en sorte d’entrer en relation avec l’un des habitants du château, et tu tâcheras de gagner sa confiance : deux renseignements valent mieux qu’un. Surtout, ne