On apercevait les mêmes débris de paille dans un coin, et, le long des parois, certains crochets d’un aspect sinistre.
Une lanterne fut suspendue à l’un des crochets, une cruche d’eau et un quartier de pain noir placés sous la lanterne.
Un des valets qui accompagnaient Mathéus dans cette visite souterraine jeta dans un coin un paquet de cordes et quelques boulets de fer armés d’un anneau.
— Monsieur le comte, nous causerons demain, dit le gouverneur.
Il n’y avait pas en ce moment dans toute l’Allemagne d’homme plus heureux que le seigneur Mathéus Orlscopp. Il avait tout à profusion, bonne table et cave abondante, lit bien chaud et bière fraîche, serviteurs nombreux empressés autour de lui, et gibier gras dans la forêt voisine, de l’or dans ses poches, des potences sur ses tours, et la protection d’un puissant seigneur qui avait besoin de lui. Et pour couronner cette existence fortunée, le plaisir délectable de tourmenter lentement et voluptueusement deux braves gentilshommes qu’il haïssait du plus profond de son âme ténébreuse.
Certes, il n’eût pas échangé les félicités de cette vie contre aucune autre, si brûlante qu’elle fût. Il les comparait en esprit aux joies de ce séjour aimable qu’il avait fait aux environs de Malines, lorsqu’en compagnie du digne don Gaspard d’Albacète y Buitrago, il savourait les plus délicieux vins d’Espagne, que leur offrait une main généreuse. Quelle différence cependant ! Alors il agissait pour le compte d’autrui et sous les ordres d’un chef, tandis qu’à présent il avait pour guide et pour conseiller son seul caprice !