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LA MAISON DE LA RUE DU ROCHER

méro 107 aurait pu servir de chronomètre à la rue du Rocher tout entière par la ponctuelle régularité de ses habitudes.

On vivait beaucoup, à cette époque déjà lointaine, sur le seuil des boutiques de la rue du Rocher. On savait donc à une minute près à quelle heure la lourde porte cochère se fermait sur la cour du petit hôtel, à quelle heure on ouvrait les fenêtres, à quel moment précis tel visiteur entrait et à quel autre madame Van der Flit sortait. On savait le nom du visiteur, on aurait pu dire combien de temps madame Van der Flit resterait dehors. Les murs de l’hôtel du numéro 107 avaient cette transparence de cristal souhaitée par le philosophe.

Mais s’il était aisé de voir ce qui se passait dans l’hôtel, une attention soutenue ne permettait pas toujours de deviner ce que pensait mademoiselle Van der Flit. Personne, avec un naturel plus aimable et une balle humeur plus constante, ne fut moins facile à pénétrer. Son sourire était comme un rempart derrière lequel tout se cachait. Les événements de chaque jour glissaient sur elle comme des gouttes de rosée sur les pétales d’une belle fleur ; on pouvait causer avec Mina pendant toute une soirée ou traverser sa maison pendant un long temps, la conversation achevée ou la nouvelle année prête à commencer, on n’avait pas fait un pas dans son intimité.

Levée en toute saison dès le matin, elle tenait le