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DROIT AU BUT

l’an avec un léger superflu qui leur permettait d’offrir du thé à leurs amis chaque fois qu’ils venaient les voir, et un petit bal à leurs connaissances, chaque année, le jour anniversaire de la naissance de Mina.

Il y avait dans cette jeune fille, née d’un père hollandais et d’une mère parisienne, tout à la fois de la Parisienne et du Hollandais. Elle avait de sa personne des soins particuliers ; elle en poussait la recherche jusqu’à des minuties ; sa toilette, au contraire, se faisait remarquer par une exquise mais adroite simplicité. Elle en effaçait l’habileté calculée par l’harmonie des couleurs sombres et des ajustements modestes. Toujours habillée de laine ou de soie tout unie, cette toilette eût été celle d’une puritaine, si Mina, sans paraître s’en occuper, n’ayait, su, par le choix d’un ruban, ou l’arrangement d’un bout de dentelle, forcer l’attention à s’arrêter sur elle au milieu même des atours d’une compagnie brillante vêtue de satin et de vélours. Elle avait la taille un peu pleine, mais ronde, les attaches fines, la démarche légère, la tête petite et chargée d’une abondante chevelure qui l’eût enveloppée tout entière, si quelque main curieuse eût enlevé le peigne qui en retenait les lourdes tresses. Elle était Parisienne par la cambrure nerveuse de son pied et la finesse de ses attaches ; Hollandaise par la fraîcheur de son teint, où, sur le grain ferme et serré de l’épiderme, les nuances de la rose se fondaient dans le blanc laiteux du camélia.