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– Pas tout à fait. Elle venait pour savoir.

– Et qu’avez-vous répondu, monsieur Mériset ?

– Ah ! ah ! on n’est point sot, quelque air qu’on ait. J’ai laissé causer et n’ai rien dit.

– Bien sûr ?

– Aussi vrai que ma maison est une honnête maison. Ce n’est pas qu’on n’ait voulu me tenter, et cette bourse qu’on m’a donnée prouve assez dans quelles intentions on était venu.

– Eh quoi ! vous l’avez prise ?

– Je l’ai prise et me suis tu. Une maison a toujours besoin de réparations ; mais les réparations n’obligent pas à parler. On a eu beau me retourner de cent façons pour savoir qui vous étiez, ce que vous faisiez, d’où vous veniez, j’ai été muet comme ce bonnet. Que voulez-vous ! c’est plus fort que moi. Vous m’avez charmé à la première vue, et je ne sais pas vraiment tout ce que je ferais pour vous. Cependant, il faut bien avouer que ma discrétion a peut-être moins de mérite au fond qu’en apparence. Je n’ai rien dit, sans doute, mais aussi je ne savais rien.

– Je ne chicanerai pas sur le fait, l’intention suffit.

– Oh ! l’intention était excellente et le sera toujours.

Belle-Rose se crut obligé de récompenser cette bonne intention afin de la maintenir dans le sentiment de l’honnêteté, et comme la personne n’avait point dit qu’elle reviendrait, il ne se donna pas la peine de l’attendre le lendemain. Pour le coup, Belle-Rose ne sut que penser de ces deux visites ; il n’était pas probable qu’elles vinssent toutes deux de la rue Cassette, et comme, d’un autre côté, il ne connaissait aucune femme à Paris, il ne pouvait faire que de vaines suppositions. Après avoir torturé son esprit de mille manières, il prit le parti fort sage de s’en remettre à l’avenir du soin d’expliquer cette aventure. Le jour de sa troisième course à la maison de la rue Cassette était venu. Le résultat fut tel qu’il l’avait prévu. La dame au surtout carmélite prit cette