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– Ai-je rien dit qui ressemblât à un refus, répondit M. de Pomereux sans quitter son fauteuil.

– Prenez garde, monsieur le comte ! vous jouez un jeu dangereux, reprit M. de Charny. Belle-Rose est ici, tout près de nous, peut-être ; c’est un criminel d’État dont M. de Louvois prétend avoir justice ; vous le recevez et le cachez dans votre maison, alors que vous n’ignorez rien de ce qui s’est passé. Dans une heure, monseigneur le ministre saura tout. Il y va de votre tête, monsieur le comte !

À peine M. de Charny avait-il achevé ces mots, que la porte s’ouvrit avec violence et livra passage à Belle-Rose. Belle-Rose avait tout entendu. À la menace de M. de Charny, la loyauté de son caractère s’était révoltée ; il pouvait bien réclamer le secours de M. de Pomereux quand il s’agissait d’un enfant à rendre à sa mère, mais il ne devait pas exposer ce fier gentilhomme à des périls où sa tête était en jeu.

– Merci, monsieur le comte, dit-il en pressant la main du jeune homme, vous avez été ferme et loyal jusqu’au bout ; vous avez fait votre devoir, je ferai le mien.

Et, se tournant vers M. de Charny :

– Je vous suis, monsieur, mais veillez bien sur moi, car au premier pas que je ferai hors de cette maison, j’aurai l’épée d’une main et le pistolet de l’autre.

La Déroute s’était glissé derrière le capitaine, ses deux mains sur ses armes, prêt à tout. M. de Charny sourit d’un air de triomphe ; il ramassa son chapeau, salua M. de Pomereux et se dirigea vers la porte.

– Venez donc, monsieur, dit-il à Belle-Rose.

Mais déjà M. de Pomereux s’était placé entre Belle-Rose et M. de Charny.

– Vous êtes mon hôte ! s’écria-t-il d’une voix sonore ; s’il tombait un cheveu de votre tête, mon honneur serait perdu. Restez, je le veux !

L’action de M. de Pomereux, l’éclat de son regard, la