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Le laquais s’inclina et sortit.

– Quoi ! s’écria la Déroute, vous introduisez l’ennemi dans la place ?

– Comme tu vois, mon pauvre camarade, et, de plus, je mets la garnison aux arrêts.

La Déroute regardait le comte de tous ses yeux.

– Aux arrêts, dites-vous ?

– Là, dans la chambre voisine, où tu vas passer en compagnie de Belle-Rose, reprit M. de Pomereux.

En achevant ces mots, il ouvrit une porte cachée dans la draperie et introduisit le capitaine et le sergent dans une petite pièce où il y avait un lit de repos.

– Rêve, médite ou dors si tu veux, ajouta-t-il en se tournant vers la Déroute ; mais surtout ne parle que si l’on t’interroge.

Le comte pressa de nouveau la main de Belle-Rose et tira la porte sur lui. On entendait à l’intérieur un bruit de pas sur l’escalier.

– M. de Charny ! cria le laquais en livrant passage au favori.

M. de Pomereux montra du geste un fauteuil près de la cheminée.

– Il est un peu bien tard pour faire une visite, monsieur, dit-il à M. de Charny avec courtoisie ; mais vos visites sont si rares que je n’ai point à m’inquiéter de l’heure que vous choisissez.

– Ce n’est point une visite, monsieur le comte, c’est une affaire qui m’amène, répondit M. de Charny.

– Peu importe le motif, votre présence me suffit et vous êtes le bienvenu.

– J’imagine, monsieur, que vous connaissez la raison grave qui m’a conduit à votre hôtel à une heure aussi avancée de la nuit ?

– Mon Dieu ! mon cher monsieur de Charny, vous avez une politique si profonde, et j’ai l’esprit si mal fait à l’endroit de cette politique, que peut-être auriez-