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– Hé ! Gargouille, lui dit-il à l’oreille, je tiens une piste ; cours chez M. de Charny et réveille-le.

– Notre homme est à Paris ? s’écria Gargouille, en se dressant.

– Je le suis ; au chemin qu’il prend, je ne doute pas qu’il n’aille chez M. de Pomereux ; il y sera comme dans une souricière. Cours !

Les deux acolytes suivirent ensemble le pont Notre-Dame, au bout duquel l’un prit à gauche et l’autre à droite. Belle-Rose, qui avait l’oreille au guet, entendit la course de Gargouille, qui s’éloignait par la rue Planche-Mibray, tandis que l’espion s’avançait du côté de la place de l’Hôtel-de-Ville. Belle-Rose, bien sûr de son fait cette fois, prit son parti sur-le-champ. Il entra d’un pas plus rapide dans la rue de l’Épine, se jeta dans la rue de la Tixéranderie et se blottit dans l’ombre d’une porte qui faisait le coin de la rue des Coquilles. Malgré la clarté que distillaient les étoiles, ce quartier, l’un des plus fangeux et des plus noirs de Paris, était sombre et lugubre. Les vieilles maisons y rapprochaient leurs façades humides et les ruelles y rampaient dans les ténèbres comme des serpents. L’espion, qui craignait de perdre la trace de Belle-Rose, hâta sa course et entra dans la rue de la Tixéranderie au moment où Belle-Rose s’arrêtait au coin de la rue des Coquilles ; il fit quelques pas en avant, mais n’entendant plus marcher, lui-même s’arrêta. Belle-Rose l’attendait le poignard à la main ; quelques instants se passèrent dans cette immobilité réciproque ; mais le capitaine, qui ne savait pas ce que le drôle que l’espion avait racolé en route était allé chercher, se décida le premier à agir. Il se jeta tout à coup hors de sa cachette et marcha résolument vers l’espion ; l’espion, qui se tenait sur ses gardes, leva un pistolet qu’il avait à la main et pressa la détente ; mais la pluie avait mouillé la poudre et le coup ne partit pas. Belle-Rose fondit sur l’espion, qui n’eut que le temps de