s’arrêtait un peu partout, ne s’arrêtait devant aucun couvent. La Déroute commençait à se demander s’il ne ferait pas bien d’attendre Bouletord au détour de quelque ruelle, et de le forcer à confesser son secret le poignard sur la gorge, lorsqu’un soir Grippard, qui, de son côté, s’était attaché à Bouletord, en compagnie de qui il rendait visite à tous les cabarets de Paris, vint tout essoufflé lui apprendre que Bouletord devait le lendemain porter une dépêche du ministre à l’un des couvents de Paris.
– Je le tiens ! dit la Déroute en embrassant Grippard.
Le lendemain, il était avant le jour à la porte de la caserne de Bouletord, en costume de laquais. Quand Bouletord sortit, la Déroute se mit sur ses traces et ne le quitta plus qu’à la porte du couvent des Bénédictines, dans la rue du Cherche-Midi. Ce couvent avait une étendue immense ; ses jardins allaient jusqu’à la rue de Vaugirard d’un côté, et de l’autre occupaient les terrains sur lesquels on a percé plus tard le boulevard extérieur. La Déroute tourna autour du couvent ; les murailles étaient hautes, épaisses, impénétrables, mais la Déroute s’était mis en tête de voir, sinon de pénétrer dans l’intérieur du couvent.
– Si Mme d’Albergotti est chez les bénédictines, elle doit bien quelquefois se promener dans les jardins ; qu’il se trouve seulement un petit coin où me cacher, et je saurai bien l’y découvrir, se dit-il en lui-même.
Comme il parlait encore, il avisa une haute maison pourvue d’un grenier dont la fenêtre donnait sur les jardins du couvent. La distance qui séparait les jardins de cette fenêtre était grande ; mais la Déroute avait des yeux de lynx. Il courut à cette maison et cogna. Ce fut une bonne vieille femme qui lui ouvrit.
– Madame, lui dit la Déroute, vous voyez mon état à mon habit ; je suis en condition chez d’honnêtes gens qui demeurent ici tout près, rue de Sèvres. Mes maîtres