Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/263

Cette page n’a pas encore été corrigée

– Celui de m’allumer un bon feu dans la chambre.

M. Mériset regarda Belle-Rose d’un air tout ébahi.

– Seriez-vous malade, par hasard ?

– Point.

– C’est que du feu au mois de juin…

– Faites toujours, mon cher hôte ; le feu ne sert pas seulement à réchauffer, il brûle…

M. Mériset ne comprit pas grand’chose à la réponse de Belle-Rose, mais en homme qui a l’habitude d’obéir, il disparut. Aussitôt que les fagots furent embrasés, Belle-Rose monta dans la chambre, déchira les ficelles qui enveloppaient les papiers et se mit en devoir de les brûler. En ce moment, un grand tumulte éclata sur l’escalier, on entendit la voix de M. Mériset qui discutait, et celle de Peppe qui criait. Belle-Rose sauta vers la porte et poussa les verrous. Les papiers en masse étaient dans le feu. Au milieu du bruit que faisaient en discutant l’Italien, M. Mériset et l’exempt, Belle-Rose s’approcha de la fenêtre qui donnait sur le jardin. Celle de la salle basse, où la Déroute était resté, s’ouvrait précisément au-dessous.

– Hé ! sergent ? dit Belle-Rose à voix basse.

La Déroute sauta dans le jardin.

– La maréchaussée est ici… Glisse-toi hors de la maison et tiens-toi prêt à fuir.

– Venez-vous ?

– Non ; on cogne à la porte et les papiers ne sont pas encore tous consumés.

– Alors, je reste.

– À ton aise ; mais quand nous serons en prison tous deux, lequel des deux sauvera l’autre ?

– Bien ; je pars.

– Va et raconte à M. de Luxembourg ce que tu as vu.

On frappait à la porte à coups redoublés. Belle-Rose regarda du côté de la cheminée ; les papiers étaient aux trois quarts brûlés. Il poussa du pied ce qui restait dans l’âtre.