chercha la fameuse armoire dont lui avait parlé M. de Luxembourg. Elle était dans un coin, sous une tapisserie qui aurait dissimulé sa présence à un homme moins bien renseigné. M. Bergame regarda rapidement Belle-Rose avec l’expression d’un chat qui guette sa proie.
– Vous avez une somme d’argent à me remettre, avez-vous dit, monsieur ? ou bien ce jeune enfant, dont il faut excuser la simplicité, s’est-il trompé en me rapportant vos paroles ? dit-il à Belle-Rose.
– Cet enfant vous a dit la vérité, monsieur Bergame, répondit Belle-Rose, et je suis tout prêt à vous compter les cent mille livres qu’on m’a confiées.
– Fort bien, monsieur, c’est une somme que je recevrai – quand vous m’aurez dit pourquoi elle m’est envoyée.
Belle-Rose ne se méprit pas à l’expression du regard que lui jeta M. Bergame. L’enfant rôdait autour d’eux : c’était un témoin incommode au cas où il faudrait employer la menace ; Belle-Rose résolut de s’en débarrasser.
– C’est ce que je vais vous dire tout à l’heure ; permettez seulement que j’aille chercher l’argent, reprit Belle-Rose ; et il sortit.
Ce qu’il avait prévu arriva. L’enfant le suivit.
– La Déroute, dit tout bas Belle-Rose au sergent, tandis que je déboucle cette valise, approche-toi de ce méchant drôle, et bâillonne-le lestement.
Peppe, – c’était le nom de l’enfant, – regardait de tous ses yeux la valise où il devait y avoir de si beaux louis d’or ; la Déroute noua la bride du cheval autour d’une branche et s’approcha de Peppe ; mais Peppe, qui l’aperçut du coin de l’œil, fit deux pas en arrière.
– Eh ! fit Belle-Rose en laissant tomber sept ou huit pièces d’or, voilà l’argent qui m’échappe ! viens par ici, mon petit, et prends ces louis ; si tu m’en apportes quatre là-haut, il y en aura deux pour toi.
Et Belle-Rose, chargeant la valise sur ses épaules, s’éloigna. L’enfant se jeta sur l’herbe, où l’or étincelait ;