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qu’il avait laissé dans une ferme, et on poussa vivement du côté de Morlanwels. Belle-Rose n’avait pas fait une lieue que Mme de Châteaufort, à cheval, arrivait devant la tente du lieutenant. Elle était vêtue d’un habit de velours vert qui seyait merveilleusement à sa taille élégante et souple ; un feutre gris, où flottait une plume rouge, ombrageait sa tête, et du bout de sa houssine elle irritait une superbe jument blanche qui piaffait sous elle et faisait voler l’écume de ses naseaux enflammés. Deux laquais la suivaient à cheval, le mousquet pendu à l’arçon de la selle.

– Hé ! l’ami ! dit-elle à Grippard, voudriez-vous dire au lieutenant Belle-Rose qu’une dame est là, qui désire lui parler ?

– Je le ferais sans nul doute, madame, si le lieutenant n’était parti.

– Parti, dites-vous ?

– Il y a une demi-heure.

– Parti, sans rien dire ?

– Un homme est venu de grand matin, lui a remis un billet, et ils se sont éloignés ensemble. Le sergent la Déroute m’a chargé de répondre qu’ils allaient du côté de Morlanwels.

– À Morlanwels ? mais il y a des Espagnols de ce côté-là !

– Des Espagnols et des Impériaux, dit Grippard.

Les yeux de la duchesse tombèrent sur un papier plié en forme de lettre qui gisait sur le sol ; leste comme un oiseau, elle sauta par terre et ramassa le papier. Dès la première ligne elle pâlit, ayant peur de comprendre.

– Voilà le billet qu’on a remis au lieutenant ? dit-elle à Grippard d’une voix tremblante.

– Je le crois.

– C’est une trahison ! fit-elle.

En ce moment Cornélius Hoghart, Guillaume et Pierre accouraient pour embrasser Belle-Rose.

La duchesse, du premier coup d’œil, reconnut le