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– En es-tu sûr ?

– Je l’ai rencontré, et, m’ayant vu, il m’a fait signe d’approcher.

– Mon compte est clair, la Déroute, m’a-t-il dit. Si Belle-Rose arrive dans la nuit, dis-lui qu’il tâche de me voir. Une heure après le lever du soleil, il sera trop tard.

Belle-Rose sauta sur son habit, agrafa son ceinturon et ramassa son chapeau.

– Vous allez le joindre, lieutenant ? dit la Déroute.

– Non pas, vraiment !

– Mais où courez-vous donc ?

– Chez M. le duc.

– Il ne vous recevra pas ; il y a conseil cette nuit.

– Je forcerai l’entrée.

– Mon lieutenant, prenez garde !…

– À quoi ?

– Vous risquez votre vie !

– Eh bien ! j’y laisserai ma vie ou je sauverai la sienne.

Belle-Rose, sans plus écouter la Déroute, passa la porte et se dirigea rapidement vers le quartier général. La Déroute le suivait de loin. Les premières sentinelles le laissèrent passer, ses épaulettes et le désordre de son costume le faisant prendre pour un aide de camp chargé d’un ordre du prince de Condé. Mais à l’entrée de la maison qu’habitait le général, un grenadier l’arrêta.

– On ne passe pas, lui dit-il.

– M. de Luxembourg m’attend, répondit Belle-Rose hardiment.

– Le mot d’ordre ?

– Je ne l’ai pas.

– Alors, vous n’entrerez pas.

– Parbleu ! c’est ce qu’il faudra voir.

Et Belle-Rose, renversant le grenadier avec une force irrésistible, se jeta dans le corridor d’un bond.