Belle-Rose secoua la tête. Le major échangea quelques mots avec les membres du conseil de guerre, et, se tournant vers Belle-Rose, lui demanda s’il n’avait rien à ajouter pour sa défense. Sur sa réponse négative, il donna l’ordre de le reconduire à sa prison. Le piquet d’infanterie sortit avec l’accusé, la salle fut évacuée, et le conseil entra en délibération.
Vers le soir, le sergent de garde ouvrit la porte de la prison.
– Debout, camarade, et suivez-moi, dit-il.
– Où me conduisez-vous ? demanda Belle-Rose.
– Dame ! en un lieu où l’on ne va guère qu’une fois.
– Au cachot de la prévôté ?
Le sergent inclina la tête.
– Bien ! reprit Belle-Rose ; je comprends.
Quatre canonniers le placèrent entre eux et le conduisirent au cachot, qui n’était pas dans le même corps de logis. C’était une salle voûtée, petite, étroite et recevant le jour par deux lucarnes garnies de forts barreaux de fer. Un grabat était dans un coin, un banc contre le mur et un christ en bois cloué en face de la porte. C’était un lieu sombre, humide et froid, quelque chose comme l’antichambre d’un sépulcre. Le prévôt du régiment reçut Belle-Rose et coucha son nom sur les registres du cachot. Un moment après, l’aide-major et le greffier du conseil entrèrent. Le greffier tenait un papier à la main. Belle-Rose se découvrit, et les sentinelles présentèrent les armes. Des flambeaux attachés à des branches de fer fichées dans le mur furent allumés, et à la clarté rougeâtre qui faisait étinceler l’épée nue de l’aide-major et les mousquets des soldats, le greffier donna lecture de l’arrêt du conseil de guerre. L’arrêt portait en substance que le nommé Jacques Grinedal, dit Belle-Rose, ci-devant sergent de la compagnie de Nancrais du corps des canonniers, se trouvant atteint et convaincu du crime de désertion, le conseil de guerre, assemblé dans la ville de Cambrai, le condamnait, conformément