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daigneux de ce que le temps peut mesurer, confident du secret des prophètes et qui, sans relever leur temple, semble écouter leurs oracles et frissonner comme un contemporain de David, aux religieux accords des harpes de Solyme. Darmesteter a gagné la bataille, il y a reçu de cruelles blessures, grandes ont été ses tristesses, plus grands encore son courage, ses consolations et ses joies.

Dès longtemps, lorsque vous avez rencontré Mistral, vous aimiez, pour la bien connaître :

Cette langue sonore aux douceurs souveraines

que rajeunissent ses récits et ses chants. Du nord au midi déjà, les esprits délicats avaient admiré ses doux livres. Nul plus que vous n’avait le droit, au nom de la patrie commune, de le saluer docteur et maître, en gai savoir. La France s’en honore, et la Provence, fille de la Grèce antique, le chante avec ivresse et l’applaudit avec orgueil.

Vous avez loué comme il devait l’être, et expliqué comme on explique les esprits, un autre poète cher à tous par ses chants, plus cher encore à ceux qu’il veut bien dire ses amis. L’occasion serait belle, rien qu’en vous citant, de réciter, pour attendrir les cœurs, quelques beaux vers de Sully Prudhomme. Je résisterai à la tentation pour céder à une plus forte encore.

Parlons de Pasteur.

Je ne veux ni juger son œuvre, ni raconter sa vie, ni prononcer son éloge, mais dire son nom seulement, puis parler au hasard, sans aucun ordre, et sans effort de style. Tout souvenir pour lui est une louange, comme toute