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DE M. DE FREYCINET.

mental, attirait ses recherches, comme pouvant exercer une influence considérable sur le sort de ses concitoyens. Il existe à cet égard quelques pages très curieuses, dont j’aurais hésité à parler, si lui-même ne s’en était souvenu dans une de ses préfaces et si elles ne lui faisaient d’ailleurs le plus grand honneur.

On sait qu’Émile Augier était reçu avec beaucoup de bienveillance par l’Empereur, mais on ignore généralement que de ces rapports était résultée, entre le poète et le souverain, une véritable collaboration dans le domaine politique. Augier poussait vers les solutions libérales et démocratiques. Profondément imbu de la nécessité de faire fonctionner le suffrage universel d’une façon sincère et d’assurer la fidèle représentation du pays, il caressait l’idée d’une révision constitutionnelle, destinée, pensait-il, à augmenter la stabilité du pouvoir et à écarter l’éventualité des changements révolutionnaires. L’Empereur n’était pas éloigné d’entreprendre cette réforme, et il y eut un moment, vers 1869, où un grand acte, bien peu soupçonné du public, fui près de s’accomplir. Dans l’organisation projetée, l’Institut jouait un rôle des plus importants, et qui pourrait s’en étonner ? Émile Augier avait été vivement impressionné en pénétrant dans votre Compagnie. Il admirait le rayonnement que l’Institut, avec ses cinq classes, projette sur toutes les branches du savoir humain. Il suivait vos travaux depuis douze ans et connaissait les richesses intellectuelles que renferme ce palais ; il s’était demandé si une pareille force, dont l’action est si puissante pour développer les progrès de l’esprit, ne pourrait pas être utilisée dans la conduite des affaires du