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M. Littré avait son dieu intérieur. L’idéal qui remplissait son âme, c’était la passion du travail et l’amour de l’humanité.

Souvent il m’est arrivé de me le représenter, assis auprès de sa femme, comme en un tableau des premiers temps du christianisme ; lui, regardant la terre, plein de compassion pour ceux qui souffrent ; elle, fervente catholique, les yeux levés vers le ciel ; lui, inspiré par toutes les vertus terrestres ; elle, par toutes les grandeurs divines ; réunissant dans un même élan comme dans un même cœur les deux saintetés qui forment l’auréole de l’Homme-Dieu, celle qui procède du dévouement à ce qui est humain, celle qui émane de l’ardent amour du divin ; — elle, une sainte dans l’acception canonique ; lui, un saint laïque.

Ce dernier mot ne m’appartient pas. Je l’ai recueilli sur les lèvres de tous ceux qui l’ont connu.