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 Aujourd’hui, la sociologie prévoit la paix pour tout l’avenir de notre transition, au bout de laquelle une confédération républicaine aura uni l’Occident et mis un terme aux conflits armés… » M. Littré fut bientôt désabusé. Quand il réimprima, en 1878, cet article de 1850, il le fit suivre de remarques où, avec sa sincérité habituelle, il exhale la douleur qu’il éprouve de sa naïve confiance d’autrefois. « Ces malheureuses pages, dit-il, me font mal ; je voudrais pouvoir les effacer. Elles sont en contresens perpétuel avec les événements qui se sont déroulés… A peine avais-je prononcé, dans mon puéril enthousiasme, qu’en Europe il n’y aurait plus de défaites militaires, que celles-ci désormais seraient remplacées par des défaites politiques, que vinrent la défaite militaire de la Russie en Crimée, celle de l’Autriche en Italie, celle de l’Autriche en Allemagne, celle de la France à Sedan et à Metz, et tout récemment celle de la Turquie dans les Balkans. »

L’ouvrage que M. Littré a publié en 1879 sous ce titre : Conservation, révolution et positivisme, est rempli des méprises que la doctrine positiviste lui a fait commettre en politique et en sociologie. Pourquoi en serait-on surpris ? La politique et la sociologie sont des sciences où la preuve est trop difficile à donner. Trop considérable est le nombre des facteurs concourant à la solution des questions qu’elles agitent. Là où les passions humaines interviennent, le champ de l’imprévu est immense.

Le positivisme ne pèche pas seulement par une erreur de méthode. Dans la trame, en apparence très serrée, de