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rencontre souvent l’éloquence. Parlant de l’apparition des foudroyantes épidémies, il dit :

« Ce sont de grands et singuliers phénomènes. On voit parfois, lorsque les cités sont calmes et joyeuses, le sol s’ébranler tout à coup et les édifices s’écrouler sur la tête des habitants ; de même il arrive qu’une influence mortelle sort soudainement de profondeurs inconnues et couche d’un souffle infatigable les populations humaines comme les épis dans leurs sillons. Les causes sont ignorées, les effets terribles, le développement immense. Rien n’épouvante plus les hommes, rien ne jette de si vives alarmes dans le cœur des nations ; rien n’excite dans le vulgaire de plus noirs soupçons. Il semble, quand la mortalité a pris ce courant, que les ravages n’auront plus de terme et que l’incendie une fois allumé ne s’éteindra désormais que faute d’aliments… »

Cette citation nous montre également M. Littré attiré par les hautes questions de l’étiologie médicale :

« J’eus toujours, dit-il, une place réservée pour la pathologie et ce qui s’y rattache. Je ne permis jamais à mes autres travaux ou à mes autres goûts de créer une prescription à cet égard. Quoique j’aie étudié la médecine sans en avoir jamais rien fait ni comme titre ni comme pratique, je ne troquerais pas contre quoi que ce soit cette part de savoir que j’ai jadis conquise par un labeur persistant. »

La citation mérite d’être poursuivie :

« Je viens de dire, ajoute-t-il, que je n’ai point pratiqué la médecine. En ceci une rectification est à faire. J’ai, depuis trente ans, réalisé l’ Hoc erat in votis d’Horace… Un