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C’est une ressource funeste ;
Le temps passe, la dette reste ;
Le terme arrive, il faut payer.
Ma poule ne le peut ; et, sourd à la prière,
L’impitoyable créancier
Vient la dépouiller tout entière.
Que faire alors ? comment se pomponner ?
À quel saint recourir dans sa détresse extrême ?
Las ! n’ayant plus rien à donner,
La belle fut réduite à se vendre elle-même.
Un jeune coq fut le premier
Dont elle entreprit la conquête ;
Et le galant dut la coquette
À trois plumes de son collier.
Plus tard, pour obtenir cette bonne fortune.
Un second n’en donna que deux ;
Le troisième n’en donna qu’une :
Le rabais devenait fâcheux.
À sa toilette un peu flétrie
Elle mêla des fleurs de la prairie.
Quelques graines d’épine en guise de rubis ;
Et, se croyant encore élégamment parée,
Elle espéra qu’au même prix
Un beau faisan, lion de la contrée,
Lui céderait quelque plume dorée ;
Mais elle n’y trouva qu’un faquin mal appris.
L’insolent, sur sa friperie
Jetant un regard dédaigneux,
Se rit de sa coquetterie ;
Et ce premier affront lui dessilla les yeux.