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paix de Ryswick, un des importants travaux qu’ait suscités notre histoire. C’est une grande partie d’un règne mémorable bien comprise et fortement décrite.

Ce sont deux époques de guerres et de transactions politiques, d’agrandissements acquis et de fautes commencées, de paix trop entreprenante et de difficultés nouvelles, de guerres reprises alors contre des ennemis plus nombreux, et de victoires mêlées de grands sacrifices, pour arriver à une paix glorieuse encore.

Dans la seconde moitié de l’ouvrage, ce sont presque partout les mêmes noms, Louis XIV, le prince d’Orange qui devient Guillaume III, Louvois, Vauban. Mais la scène s’est agrandie ; les temps ont changé, et, avec le sentiment de l’indépendance, s’est levé sur l’Europe un esprit de liberté secondé par la révocation de l’Édit de Nantes et la folle témérité de Jacques II.

De là, pour l’historien, matière à de graves recherches et à d’utiles vérités : fortes institutions militaires de la France, et ascendant de ses armées, où Catinat vient rejoindre Vauban, cruel abus de la guerre dans l’incendie du Palatinat, alliances perdues, hostilités redoublées, plaies intérieures du royaume, sévérité qui les accroît, Louvois servant de son énergie la persécution religieuse qu’il n’approuve pas, qu’il ne juge pas, et dont il sentira l’iniquité seulement par les maux qu’elle entraîne.

Dans cette suite du récit, dans cette crise du drame, l’auteur est de plus en plus impartial à force d’étude, mais impartial avec ardeur, exprimant le vrai dans tous ses détails, comme il l’a trouvé, n’essayant pas de portraits, mais prenant les personnages sur le fait par leurs actes et par leurs