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liberté politique. L’Académie avait proposé et couronné l’Éloge de Turgot, il y a déjà bien des années, et dans un temps différent du nôtre. Elle aime qu’on revienne aujourd’hui à ce souvenir, à cet exemple. Le nouvel ouvrage sur Turgot par M. Mastier, ancien élève de l’École normale, docteur ès lettres, ne sera pas la dernière étude qu’on essayera, de nos jours, sur ce nom respecté. Mais l’Académie, appréciant les recherches et le style de l’auteur, lui décerne une médaille de deux mille francs, comme à chacun des deux précédents ouvrages.

Une étude d’histoire bien faite, et dictée par un grand scrupule de vérité, une réhabilitation, partielle, il est vrai, de Philippe II, obtient la même distinction. C’est l’ouvrage de M. Charles de Mouy, Don Carlos et Philippe II. À l’intérêt que le roman et le théâtre avaient jeté sur l’infortuné don Carlos, à cet amour partagé qui aurait fait deux victimes, à cet enthousiasme de philosophie et de liberté dont le prince espagnol aurait été le complice et le martyr, est substitué, d’après des pièces authentiques, le récit d’une longue démence et d’une maladie terminée par la mort. Il n’y a plus rien des fictions de Saint-Réal, ni des rêves généreux et des crimes atroces mis en tragédie par Schiller et Alfieri. Mais il reste la justice de l’histoire sur le souverain qui rendit contre lui toute calomnie vraisemblable et mérita même les mensonges accusateurs qu’il encourut. Il reste le pathétique de la vérité, assez touchante par elle-même. L’Académie décerne à cet ouvrage une médaille de deux mille francs.

Elle avait encore à choisir parmi de nombreux ouvrages de poésie. L’art des vers, et quelques traces de l’inspiration