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parer, et d’heureux efforts de savoir et de talent à signaler au public. La philosophie, sous sa forme la plus générale, a naturellement une place dans ce choix. La science servant à la vertu, la pensée contemplative ennoblissant la pratique de la vie, c’était le sujet qu’un esprit élégant et juste a résumé sous ce titre : La Philosophie du bonheur, dans un livre qu’on ne peut lire sans profit et sans charme. Ce n’est ni à l’érudition ni à l’exposition dogmatique des systèmes que M. Paul Janet, professeur applaudi dans des cours publics, emprunte ici son autorité ; c’est à la justesse du sens, à la droiture du cœur, à la conscience la plus scrupuleuse et au point d’honneur le plus éclairé. Que le spiritualisme soit le principe de cet ouvrage, il n’est besoin de le dire. Un traité du Bonheur ne saurait être qu’un rigoureux traité de morale. C’est du devoir accompli que dépend tout le bien de la vie ; c’est au perfectionnement de l’âme qu’il faut le demander.

Cette âme, l’auteur la suit dans toutes les épreuves, mêlée aux affaires, occupée d’études, active pour les autres, résignée pour elle-même, chargée d’obligations à remplir, et ne pouvant trouver quelque satisfaction ici-bas que par beaucoup de raison, de travail et de dévouement. Ce n’est pas seulement au nom d’une philosophie généreuse qu’il combat la doctrine de la Rochefoucauld : c’est du spectacle même de la vie qu’il fait sortir la réprobation de l’égoisme, et c’est ainsi qu’il en démontre l’erreur autant que le vice. Pour lui, cette vérité touche aux consolations religieuses. En étudiant ce qu’il nomme beauté et misère de la vie, sa foi dans ce qui dépasse le monde ne lui laisse que plus d’espérance pour le progrès moral de ce monde lui-même. Comme il voit dans la pratique du bien la seule chance de bonheur person-