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que devait surtout s’expliquer le succès. Mais, pour la transmission de cette œuvre à si lointaine distance, et dans un monde si différent, il fallait qu’un talent d’écrire naturel et passionné eût conservé l’accent vrai du modèle, que la traduction ainsi représentée fût comme la voix en langue vulgaire de cette poésie grecque tour à tour mélodieuse et terrible.

Dans cette tâche difficile, M. Jules Lacroix a souvent réussi pour le lecteur attentif, comme pour l’auditoire ému. L’Académie décerne à sa belle et sévère étude de Sophocle, à sa traduction littérale et poétique de l’Œdipe roi, le prix qu’elle avait proposé pour une œuvre dramatique.

Le grand prix fondé par le baron Gobert pour le morceau le plus éloquent d’histoire de France, ce prix que l’Académie avait partagé, l’année dernière, entre une histoire impartiale de nos guerres de religion et une histoire habilement abrégée de la littérature française, a paru, dans le concours actuel, revenir de plein droit à un seul ouvrage, l’Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire jusqu’à la paix de Nimègue, par Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte.

La forme de l’ouvrage, labondance des faits nouveaux, l’exactitude des recherches, qui donne un récit plus vif que les traditions où se complaît Voltaire dans son Siècle de Louis XIV, sont ici le résultat de la méthode moderne appliquée par un esprit plein de vigueur et de sagacité patiente. La vérité, l’intérêt, l’éclat sont sortis de l’extrême étude. L’auteur s’est placé devant les archives de la guerre et des affaires étrangères. Projets et plans préparés, détails d’armements, ordres de service, correspondances officielles