Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/434

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Prix. L’auteur est un jeune talent qui réunit la patience à l’ardeur de l’étude. Par des recherches bien dirigées, à partir de l’Édit de Nantes, il se fait une juste idée des principaux obstacles et des principales vues de Henri IV, au dedans, au dehors et dans l’avenir. Ce qu’il démêle avec sagacité, il l’exprime nettement. Il approuve le vainqueur de la ligue d’avoir voulu la liberté intérieure des États italiens, et la Souveraineté réservée, c’est-à-dire l’indépendance du Pontificat. Mais, ami sincère des droits civils et religieux, il parait trompé lorsqu’il attribue à la conversion de Henri un zèle de propagande qui aurait changé ses alliances et fait prévaloir exclusivement l’intérêt catholique en Europe. Ce grand homme voulait plus : il voulait établir la paix entre les grands États et la tolérance ou plutôt l’égalité religieuse dans chacun d’eux. Il restait politique dans son changement de religion, mais politique bienfaisant, comme l’attestent ses projets sur l’Orient et pour l’équilibre durable de l’Europe.

Un autre concours était institué par l’Académie pour la meilleure traduction d’un ouvrage de philosophie morale. Préparé par l’examen d’une Commission, le choix s’est fixé sur un grand travail, monument élevé à la science plutôt que distraction offerte à la curiosité, la traduction des Ennéades de Plotin, par M. Bouillet, conseiller honoraire de l’Université. Quelques parties de cette œuvre difficile reportaient la pensée vers les théories du Beau, dont ce concours avait occupé l’Académie. L’ensemble de l’ouvrage, l’érudition et l’art du traducteur, l’importance des notes réclamaient une première place. Il a paru toutefois à l’Académie qu’une œuvre d’un ordre moins élevé et bien autrement accessible