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tous les coins de l’horizon, l’ombre disparaîtra d’elle-même.

Tel est, Messieurs, le profit que nous pouvons tirer de l’enquête annuelle à laquelle l’Académie se livre sur les actes de vertu qu’on lui signale. Un beau trait inconnu que nous découvrons nous donne le droit de vous dire : Rassurez-vous, votre patrie compte dans des rangs ignorés d’autres prodiges et même d’autres raffinements que ceux de la passion et du vice. Ce n’est pas le crime seulement qui vit à vos côtés et qui veille pendant que vous dormez, c’est le dévouement aussi, c’est la sainteté, c’est l’héroïsme que vous avez peut-être rencontrés hier, montant d’un pas affaibli par l’âge vers le grenier qui surmonte votre habitation de la ville, ou s’inclinant pour entrer sous le toit de chaume dont la fumée s’élève à peine jusqu’au pied de votre demeure des champs. Vous avez fait de ces rencontres-là sans le savoir et vous en ferez beaucoup encore que vous ne saurez jamais. N’écoutez pas seulement le rugissement de la vague qui vous couvre de son écume ; voici la perle de grand prix qui dormait au pied du rocher. Qui que vous soyez, enfants de l’Évangile, amis de l’humanité, qui n’avez pas perdu tout espoir dans le progrès du monde, réjouissez-vous avec nous de cette richesse ajoutée au patrimoine commun de nos espérances.

Aujourd’hui, nous avons à vous annoncer une découverte plus précieuse encore que de coutume : car ce n’est pas seulement un acte isolé, c’est une vertu tout entière qu’on croyait perdue et que nous avons retrouvée. Vous la connaissez tous, quoique vous ne l’ayez jamais rencontrée : les récits de la Bible et les fictions d’Homère en ont à l’envi entretenu votre enfance.