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temporaires, la maison des orphelins a subsisté jusqu’ici par les seules ressources de Mlle de Gelinski, et le prix de 2,000 francs que nous lui décernons sera, d’après ce que nous affirme le préfet des Basses-Alpes, « uniquement consacré à augmenter le nombre des orphelins qui reçoivent, dans cette maison, des soins si touchants et une excellente éducation. »

Mme Van der Meersch, née Behaghel, est veuve : elle habite le nord de la France, à Bailleul, sur les frontières de Belgique. Ce, sont là à peu près les seules différences qui la distinguent de Mlle Gelinski ; je me trompe, il en est une autre. Elle a dix ans de plus ; elle a donc pu consacrer, non pas trente, mais quarante ans de sa vie au soulagement de ses concitoyens. Dès sa jeunesse, et pendant les premières années de son mariage, secondée par un mari digne d’elle, elle emploie la plus grande partie de ses revenus à créer et à soutenir des établissements charitables dans sa ville natale. À peine est-elle initiée aux douceurs de la maternité, qu’elle se préoccupe surtout des privations morales et matérielles de l’enfance des pauvres : elle s’entoure aussitôt d’une seconde famille ; elle se fait la mère adoptive et l’institutrice gratuite de 80 petits garçons. Car il lui semble que, dans les familles indigentes, les garçons sont plus exposés à être privés du bienfait de l’éducation que les filles, plus facilement retenues et employées auprès du foyer domestique. Bientôt elle traite avec le bureau de bienfaisance, pour partager avec lui la lourde responsabilité du sort des orphelins de père et de mère. « Donnez un peu, » dit-elle, « pour les aînés, je me charge des plus petits ; » et cette charge dure depuis vingt-cinq ans. Devenue veuve, elle donne, non plus seulement sa