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misère, on le doit surtout à vous, Monsieur, à des paroles vraiment belles qui ont porté le débat, par moment si élevé, à plus de hauteur encore. Vous y opposiez philosophiquement, dans leur action morale sur les âmes, le sentiment du droit et le sentiment du devoir, concluant par cette considération que qualifiait de magnifique, à l’instant même, au milieu de l’émotion générale, un très-éloquent contradicteur, semblant, par là, vous annoncer dès lors le titre que nous vous décernons aujourd’hui :

« La religion chrétienne, disiez-vous, a produit dans le monde la plus grande révolution sociale qui jamais y ait éclaté ; elle a affranchi le sujet de sa subordination aveugle et servile envers le souverain ; elle a relevé la femme de l’humiliation dans laquelle elle vivait ; elle a brisé les fers de l’esclave ; elle a égalé le pauvre au riche. Comment a-t-elle fait cela ? Est-ce en parlant au sujet, à la femme, à l’esclave, aux pauvres de leurs droits ? Non, c’est en parlant au souverain, au chef de famille, au maître, au riche, à tous, de leurs devoirs. »

Heureux, en des temps agités, troublés, comme les nôtres, qui peut laisser de soi, dans le passée par l’utile et honnête emploi de ses talents, de si honorables traces ! Telles sont aussi. Monsieur, celles que vous a partout offertes la noble vie que vous venez de raconter, et qui ne pouvait être mieux honorée que par ce simple, sincère, équitable récit.

On y a suivi, avec un vif et sérieux intérêt, dans sa longue et laborieuse carrière, dans le continuel et divers exercice de ses rares facultés, toujours au service du pays, l’administrateur habile et tutélaire de notre grande cité ; le conseiller d’État, le député, le pair de France, partout et toujours