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animées : M. Biot affronta l’orage et prit résolument l’offensive. Il contesta au sacerdoce de l’ère pharaonique les connaissances que lui avait attribuées depuis Hérodote une longue suite de générations prosternées devant des œuvres colossales. Selon lui, l’astronomie mathématique n’existait point en Égypte avant les Grecs, et n’y commença qu’avec eux. Attaqué par de savants confrères moins désintéressés qu’il ne l’était alors lui-même dans les conséquences morales d’un pareil débat, M. Biot se trouva conduit, par les nécessités de la défense, à élargir son champ de bataille. Il passa donc des rives du Nil à celles du Gange, s’efforcant de ramener la science des Brahmanes de Bénarès, comme celle des Hiérophantes de Memphis, aux résultats pratiques qu’une longue contemplation du ciel permet d’atteindre sans trigonométrie sphérique, sans calcul et presque sans instrument, lorsqu’il publiait, en 1828, ses Recherches sur l’astronomie égyptienne, l’auteur avait sur ses adversaires un avantage évident : il écrivait sans parti pris, pouvant fort bien se tromper sans nul doute, mais n’ayant du moins pour mobile que l’amour seul de la science, puisqu’il ne se préoccupait en rien de la portée religieuse de cette discussion. À cette époque, en effet, M. Biot était étranger aux croyances qu’il embrassa plus tard, lorsqu’après avoir épuisé tous les problèmes de la science, il se fut replié sur les mystères de son propre cœur.

Tandis que, par une série de calculs rétrospectif, un astronome redressait les erreurs des peuples et soufflait sur les monuments de leur orgueil, un grand naturaliste, dégagé comme M. Biot de toute préoccupation dogmatique, étudiait les époques successives de la création, en pénétrant au plus